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25-30 ans - Blog fictif - Roman en cours
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17 juillet 2006

Le chien

Au bout de sa laisse, un bâtard jaune et rouille crados la regardait méditer, ça faisait bien trois minutes. Elle est restée sur lui. Le chien la regardait en toussant. Le propriétaire de l’animal ne dépassait pas le mètre soixante quinze. Il était du type maghrébin mais pas agressif. Pas séduisant non plus, contrairement à certains vendeurs de shit, suivant les critères personnels d’Emilie. Un maghrébin positivement sans intérêt. Elle voulait bien croire qu’il habitait la commune, preuve que les immigrés de la troisième génération valaient quelque chose pris individuellement, mais du même coup ils se fondaient dans la masse des beaufs. C’est mon voisin et néanmoins camarade Fahid, ai-je coupé pour l’empêcher de dire des conneries. Enfin bref, a-t-elle continué, le petit beur restait en arrière et tirait fort sur la laisse. C’était con de sa part. Il n’avait aucune chance de faire avancer le chien par torsion ou compression de sa carotide. Le clebs allait reculer en déracinant la pelouse municipale oui, et mourir par strangulation. Elle a voulu punir le propriétaire par un regard de mépris – mépris intellectuel –mais son regard a ripé. Sur le regard du chien. Le chien s’étranglait, comptait mourir la gueule ouverte, mais certainement pas sans avoir mangé Emilie des yeux, par en dessous, d’un air maussade et vigilant. Dans ce regard de chien, aucune intention de nuire. De la détermination. De la prudence. Comme une fascination méticuleuse. Chargée d’un fluide. Il semblait pris d’une envie cuisante de coucher avec elle. Le chien. Tu as bien lu. Ca commence bien. Oui. Premièrement je cite Emilie Darrout dans le texte. Deuxièmement tu peux t’arrêter quand tu veux.

 

Et donc. A la base elle dégageait quelque chose. Elle le savait. Elle avait une aura que propagent beaucoup de mélancoliques. Surtout les maigres. Je l’ai toujours dit : je le répèterai tant que les compliments auront l’effet qu’ils ont sur son moral. La nouveauté étant que, maintenant qu’elle touchait le fond et se préparait (elle n’en finissait pas de se préparer, mais c’était le meilleur moyen d’arriver en bon état quelque part) à remonter à la surface, son charme neurasthénique opérait sur les animaux. C’était devenu un charme bestial. Un charme instinctif disons. Comme un retour brutal au corps et à l’essentiel, c’est-à-dire finalement au corps. Pour faire court elle avait l’impression de commencer à avoir du chien. Le mot était lâché,et sans patauger plus longtemps dans le délire zoophilique, si les animaux pressentent n’importe quel phénomène de grande envergure, que ce soit éruption, tremblement de terre ou largage de bombe, alors ce chien pressentait en la personne d’Emilie l’explosion d’une bombe sexuelle anorexique.

 

Elle a tourné son regard vers l’Arabe pour reprendre contact avec l’humanité, mais c’est alors que le chien, décidément plus captivant, a vomi. Le chien a vomi jaune, liquide et grumeleux, ajoutant à la mixture des tas de brins d’herbe vomitives. Exprès. Evidemment. Elle a fait demi-tour, sachant très bien qu’elle donnait l’impression de fuir. Elle aurait voulu SEfuir elle-même, ce qui est banal et rebattu, mais tellement vrai dans ce cas précis, et tellement sans issue dans tous les cas. Elle a trotté un peu, puis elle a fait demi-tour avant de changer de direction pour la troisième fois. Le Maghrébin la regardait d’un air faussement neutre, mais qui était ce jeune homme crépu pour porter des jugements, sans entrer dans les détails. Le chien pour sa part avait terminé de vomir, il n’était plus le même. Il tractait son maître en faisant l’animal etse comportait comme se comportent les chiens. D’elle, il n’avait jamais rien eu à battre. J’ai fait genre je pissais de rire.

 

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Commentaires
P
Heureusement que pour brouiller les pistes l'auteur a changé le sexe du chien. On eût pu trouver la scène trop réelle... ;-)<br /> (à lundi)
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